Voix et technologie

Guide de lecture

Guide de lecture « en français »

À Lukas qui, par son amour, sa patience et sa brillante intelligence, a rendu ce travail possible

Pour réaliser ce mémoire de master 2 en recherche-création, j’ai choisi de dicter mon discours, de le dire à haute voix afin de le faire retranscrire par la fonctionnalité de reconnaissance vocale du logiciel de traitement de texte WordSuite office Microsoft Word®.↩︎ que j’ai utilisé pour rédiger ce mémoire. Ce travail met au premier plan la retranscription de mon discours opérée par la machine. C’est donc un mémoire dont la forme et le fond sont inséparables, ce qui produit un certain effet sur la réception de ce discours. Si je devais définir à grands traits les spécificités de ce mémoire, je pourrais dire que ce travail porte un regard théorique artistique et philosophique sur la technologie tout en prenant en compte, de manière métadiscursive, dans l’analyse la forme que prend le discours. Contrairement au reste du mémoire, ce protocole, qui définit les modalités de compréhension de ce travail, a été rédigé directement.

Je suis bien conscient que la lecture de ce travail ne sera pas aussi aisée que celle d’un travail écrit sans le recours à un logiciel de dictée vocale. Néanmoins, je peux vous assurer d’expérience que la lecture se fait plus fluide à mesure que l’œil s’habitue aux spécificités de ce travail. Ce mémoire de recherche-création offre en effet l’occasion de se confronter à un mode de lecture qui n’est pas celui de la compréhension rationnelle et linéaire, mais d’une compréhension oscillatoire, en errance, fluctuante, qui présente de nombreux enjeux créatifs que ce mémoire s’attache à développer et à mettre en pratique.

Afin de faciliter, malgré tout, la compréhension du discours sans dénaturer les transformations apportées par le logiciel, j’ai dû recourir à certains signes pour mettre en évidence la tension entre le discours dicté à la machine et la retranscription par la machine.

  • La retranscription par la machine ne concerne que les titres, sous-titres et le corps du texte. Les notes de bas de page ont donc été directement rédigées en français, sans passer par le logiciel de dictée vocale, dans le but de conserver la lisibilité et la rectitude des sources citées.
    Le texte écrit en noir est le texte écrit par la machine, fruit de la retranscription de mon discours.
  • Le texte écrit en bleu correspond au discours que j’ai dicté à la machine avant retranscription. Je préfère parler de discours plutôt que de texte, car cela désigne à la fois un texte pré-écrit que j’ai déclamé à la machine et un discours improvisé que je n’avais pas écrit préalablement. Dans les faits, ce texte est plus lu à la machine qu’improvisé face à la machine, c’est pourquoi j’ai choisi d’intégrer l’équivalent écrit de ces micro-improvisations dans le texte écrit en bleu, sans les annoncer spécifiquement.
  • Le texte écrit en bleu est inséré entre crochets pour souligner son caractère exogène. Ce texte [bleu entre crochets] correspond au mot ou groupe de mots qui le précèdent immédiatement. En effet, quand le texte produit par la machine, en noir donc, était trop incompréhensible, j’ai préféré intégrer l’ensemble des corrections en fin de phrase entre crochets. Les corrections sont de plusieurs types, elles peuvent être grammaticales, syntaxiques ou correspondre à des oublis de la machine (un mot ou plus n’ayant pas été retranscrits) et à une nécessité de mise en forme (par exemple lorsqu’un titre d’œuvre est cité, le logiciel ne prends pas en charge les codes typographiques, il ne le met pas en italique, ni ne capitalise les lettres qui doivent l’être, ce à quoi je procède entre crochets).
  • Dans l’optique d’améliorer la fluidité de la lecture du texte, j’ai choisi, pour les citations longues de plus de trois lignes, de mettre la version originale note de bas de page.
  • Le logiciel de retranscription ne reconnaît que les points, les points d’interrogation et les virgules.
    J’ai choisi de conserver la ponctuation que le logiciel a placé.
  • Cependant, pour améliorer la mise en forme du texte, j’ai dû créer des paragraphes et corriger ou insérer de nouvelles ponctuations comme le deux-points, les points de suspension, les parenthèses, les guillemets. Ces marques de ponctuation ajoutées manuellement sont donc écrites en bleu, mais sans crochets pour plus de fluidité dans la lecture.
  • Lorsque le logiciel ajoute un mot ou une ponctuation, comme un point d’interrogation, j’ai inséré entre crochets [Ø], le symbole de l’ensemble vide pour souligner que le logiciel a ajouté quelque chose par rapport au discours initial. Dès lors si le logiciel ajoute un point d’interrogation, la ponctuation originelle du discours sera mise exceptionnellement entre crochets et en bleu.
  • J’aurais enfin aimé pouvoir écrire ce mémoire en écriture inclusive. Étant donné que le logiciel ne reconnaît pas cette graphie et que le texte est déjà chargé en corrections diverses, j’ai abandonné ce projet pour en alléger la lecture. Par exemple, on retrouve « spectateur », au masculin neutre plutôt que « spectateur·rice ». Ce mémoire me donne l’occasion, dans une seconde partie, de m’inscrire contre ces conventions de langage que le logiciel redouble.