Fabrique de l'interaction parmi les écrans

Introduction

Introduction

Christine Develotte

English version > Christine Develotte, « Introduction », Fabrique de l’interaction parmi les écrans : formes de présences en recherche et en formation (édition augmentée), Les Ateliers de [sens public], Montréal, 2021, isbn:978-2-924925-13-3, http://ateliers.sens-public.org/fabrique-de-l-interaction-parmi-les-ecrans/introduction.html.
version:0, 15/06/2021
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L’ouvrage Fabrique de l’interaction parmi les écrans : formes de présences en recherche et en formationTitre en clin d’œil amical à Mauro Carbone et à son groupe de recherche « Vivre par(mi) les écrans ».↩︎ rend compte d’une recherche réflexive qui a été conduite dans un séminaire doctoral centré sur les « Interactions Multimodales Par ÉCran » (désormais abrégé « IMPEC »). Cette introduction est écrite à la première personne car elle cherche à rendre visibles les choix que j’ai effectués en tant que responsable de ce séminaireCependant, du fait même du fonctionnement collégial qui sera précisé plus loin, ce sont les deux premières personnes, du singulier et du pluriel, qui seront employées en alternance dans cette introduction.↩︎. Elle vise à préciser les objectifs, la genèse et l’ancrage théorique et pratique d’une recherche menée collectivement sous ma directionCe projet de recherche « Présences numériques » est soutenu financièrement depuis 2018 par le Labex Aslan.↩︎.

Les deux objectifs principaux assignés à cette recherche sont liés à la nature spécifique de l’environnement numérique sur lequel et dans lequel nous travaillons :

Contexte des recherches sur les Interactions Multimodales Par ÉCran (IMPEC)

Je commencerai par resituer le contexte des recherches dans lequel cet ouvrage s’inscrit : d’une part les études antérieures ou concomitantes qui l’ont inspiré et d’autre part mes propres travaux dans la continuité desquels il prend place.

Inspirations pluridisciplinaires

Sans doute en lien avec mon propre parcours universitaire pluridisciplinaireEn lettres pour commencer, en psychologie-sociologie, puis en sciences du langage, assorti d’un passage en sciences de l’information et de la communication.↩︎, les sources d’inspiration de mes recherches ne se cantonnent pas à un seul domaine et j’en donne ici quatre exemples parmi celles qui ont le plus nourri ce projet.

En philosophie, Mauro Carbone

Depuis 2013, au sein de son groupe de recherche « Vivre par(mi) les écrans », Mauro Carbone s’intéresse à l’expérience des écrans dans une perspective phénoménologique. Il pose que les écrans, qui constituent aujourd’hui l’interface habituelle de nos rapports au monde, aux autres, voire à nous-mêmes, produisent des « régimes de visibilité » (Carbone, Dalmasso, et Bodini 2018, 23).

Régimes de visibilité

Parler de « régimes de visibilité » signifie alors parler des pouvoirs impersonnels de diriger ou de détourner la lumière et donc les regards, de montrer et de dissimuler, de répartir la surface et la profondeur, d’attribuer centralité et marginalité, d’affirmer des ressemblances et des différences (…) des pouvoirs de « pré-médier » notre vision (Carbone, Dalmasso, et Bodini 2018, 24‑25).

Dans notre situation de communication mêlant les écrans de différentes tailles issus d’artefacts ou d’une plateforme, la prémédiation de la présence des participant·e·s à distance apparaît clairement. Les participant·e·s n’ont pas la même mise en lumière selon les écrans qui diffusent leur présence. Comme le rappelle Francesco Casetti (2018, 53) :

L’écran ne devient écran qu’à partir du dispositif auquel il est associé et qui le relie à l’ensemble des pratiques qui le produisent comme tel.

Et c’est en effet parce que les différents écrans du dispositif de téléprésence sont associés à des affordances spécifiques qu’ils autorisent ou non telles ou telles possibilités d’expression : par exemple, les participant·e·s sur la plateforme Adobe Connect peuvent s’exprimer par chat alors que ce n’est pas le cas des participant·e·s par robots. On peut donc suivre Carbone lorsqu’il dit qu’« un certain “régime de visibilité” s’entremêle à un certain “régime de dicibilité”, en dirigeant l’attention et l’inattention de nos regards tout comme de nos discours » (Carbone, Dalmasso, et Bodini 2018, 25).

Ce sera l’un des objectifs de notre recherche que de montrer de quel dicible chaque présence par écran est porteuse, de quel ethos, et réciproquement d’étudier comment les participant·e·s in situ s’adressent aux participant·e·s à distance en fonction (ou non) des différents écrans qui médient leur présence.

En sciences de l’information et de la communication, Louise Merzeau

Louise Merzeau parle de l’essor du numérique comme d’une « transformation environnementale, qui affecte les structures et les relations (…) (et qui) remet en question les modèles conceptuels qui servent à les formaliser » (Merzeau 2009, 23). Cette remise en question des modèles conceptuels est également nécessaire lorsque l’on s’intéresse aux échanges par écran (visioconférence ou robot de téléprésence). C’est bien dans cette optique que mes travaux antérieurs se sont placés (Develotte, Kern, et Lamy 2011 ; Kern et Develotte 2018) et c’est l’un des objectifs cruciaux de ce projet que de proposer des avancées conceptuelles fondées sur des analyses pluridisciplinairesCf. chapitre « Cadrage théorique et méthodologique interdisciplinaire ».↩︎ des données recueillies.

La présence numérique selon Louise Merzeau

Œuvrant en faveur des biens communs informationnels et de la libre diffusion du savoirElle a ainsi participé à la campagne #connaissancelibre2017.↩︎, Merzeau s’est intéressée à la présence numérique des individus en réseaux, sur le web en particulier. Pour elle :

(…) la présence se déploie dans le temps : elle est irréversible et imprévisible, c’est-à-dire fondamentalement sociale, quand bien même les traces par lesquelles elle se manifeste sont traitées par des machines (Merzeau 2010, 32‑33).

Les présences à distance que nous étudions ici sont ainsi : médiées par les plateformes en ligne qui les visualisent, les perturbent parfois et les enregistrent, elles sont ancrées dans une situation socio-éducative à laquelle elles donnent sens, puisque ce sont les interactions entre ces différentes présences qui constituent le séminaire.

En sciences du langage, Susan Herring et Marie-Anne Paveau

C’est en 1996 que Susan HerringElle est la cheffe de file des études linguistiques concernant la communication en ligne, rédactrice en chef de la revue Computer-Mediated Communication de 2004 à 2007 puis de la revue Language@Internet.↩︎ a lancé le domaine des recherches linguistiques sur la « communication médiée par ordinateur » (1996).

La communication multimodale interactive

Elle a depuis lors travaillé sur différents aspects des discours écrits en ligne et a publié, à partir de données de blogs, un schéma de classification des discours médiés par ordinateur dans le but de synthétiser et d’articuler les aspects techniques et sociaux qui influencent les discours (Herring 2007). Prenant acte de la multimodalité qui est venue enrichir les différents modes de communication en ligne, elle a, plus récemment, proposé de passer à la « communication multimodale interactive » pour rendre compte de deux phénomènes émergents dans la communication numérique : les plateformes interactives multimodales et la communication médiée par robot.

Elle livre un nouveau schéma synthétique de la communication multimodale interactive qui va de l’email à l’avatar de plateforme immersive 3D en passant par le robot de téléprésence (Herring 2015).

Tout comme Susan Herring, Marie-Anne Paveau, en France, a surtout étudié les discours numériques écrits. Elle présente son travail comme « une réponse à cette nécessité d’inventer de nouveaux concepts, outils et limites pour rendre compte du fonctionnement des discours natifs d’internet dans une perspective qualitative et écologique ». Elle parle ainsi du « discours natif d’internet », c’est-à-dire de « l’ensemble des productions verbales élaborées en ligne, quels que soient les appareils, les interfaces, les plateformes ou les outils d’écriture » (Paveau 2017, 8). Elle pose donc que les « productions langagières numériques natives » (2017, 8) comportent une dimension non humaine (machine, logiciel, algorithme…) qui informe et configure ce qui peut être dit (2017, 11).

Cette conceptualisation du discours numérique s’incarne dans l’expression « technologie discursive ».

La technologie discursive

Elle définit la « technologie discursive » comme :

l’ensemble des processus de mise en discours de la langue dans un environnement numérique, reposant sur des dispositifs de production langagière constitués d’outils informatiques en ligne ou hors ligne (programmes logiciels, API, CMS) et proposés dans des appareils (ordinateur, téléphone, tablette) (Paveau 2017, 335).

L’antéposition du terme « technologie » souligne la prégnance de cette dimension dans les discours qui en portent la marque indélébile. C’est ce que nous nous attacherons à décrire dans cet ouvrage : la façon de parler et d’interagir avec des participant·e·s à distance est particulière et dépend des spécificités et des affordances de chaque artefact de présence.

En anthropologie de la communication, Gregory Bateson

Faire étudier un même corpus à une équipe pluridisciplinaire n’est pas nouveau. C’est l’aventure de The natural history of an InterviewHistoire naturelle d’un entretien.↩︎ (McQuown et Bateson 1971) qui a été relatée par Wendy Leeds-HurwitzL’étude de Leeds-Hurwitz a été abordée plus en détail dans une des premières présentations de notre travail lors de la journée d’étude Méthodes Pour La Recherche Autour De La Communication Multimodale “Artéfactée” (11 décembre 2018), « Dans l’œil du séminaire IMPEC : choix méthodologiques d’une recherche réflexive ».↩︎ (1988) et dont je reprends ci-dessous quelques éléments avant d’en expliciter les liens avec le présent projet.

C’est en 1955-1956 qu’a été lancé au Center for Advanced Study in the Behavioral Science de l’Université Standford un projet pluridisciplinaireRéunissant au départ deux psychiatres, deux linguistes et trois anthropologues.↩︎ qui marquera un tournant dans la recherche en communication sociale.

Histoire naturelle d’un entretien

Il s’agissait de définir la contribution possible de la linguistique à l’étude d’entretiens psychiatriques. Ray Birdwhistell, à son arrivée dans le groupe, proposa que Bateson qui utilisait la vidéo dans ses travaux de recherche, fournisse le filmConnu sous le nom de Doris et qui met en scène trois personnes : Doris, Bateson et un enfant.↩︎ qui servirait de base aux travaux du groupe. Bateson en dit ceci :

Nous partons d’un entretien particulier entre deux personnes dont l’identité est connue, en présence d’un enfant, d’une caméra et d’un caméraman. Nos données de base sont les innombrables détails d’activité vocale et corporelle enregistrés par ce film. Le traitement que nous avons fait subir à ces données, nous l’avons intitulé une « histoire naturelle », parce qu’un minimum de théorie en a orienté le recueil (Bateson 2000, 118).

Le groupe choisit les scènes à analyser puis se disloqua. Ce n’est qu’en 1968 que le travail s’acheva, mais la publication s’avéra impossible car trop coûteuse, il fut finalement inclus dans une série de microfilms à l’Université de Chicago en 1971. Il fallut donc 15 années d’analyses et de travail pour déboucher sur une publication sur un support peu pratique à consulter.

De ce projet fondateur en communication, j’ai repris des éléments tel que le fait de ne pas définir d’orientation théorique préalableJ’ai proposé que le cadre général de la recherche se fonde sur l’approche naturaliste développée par Jacques Cosnier sous la désignation d’« éthologie compréhensive ». Cette approche qui sera développée dans le chapitre « Cadrage théorique et méthodologique pour l’éthologie réflexive visuelle » n’empêche aucunement le recours à d’autres théories.↩︎, de respecter l’écologie des interactions et d’ouvrir à une équipe pluridisciplinaire de chercheur·e·s. J’en ai aussi tiré l’enseignement de la nécessité de prévoir un calendrier précis de la recherche dès le départ et celle d’impliquer tous les membres du groupe. En effet, Bateson, qui était le seul chercheur présent dans le film étudié, était très mal à l’aise de voir ses comportements posturo-mimo-gestuels disséqués à l’écran par ses collègues. Dans le cas de notre projet, c’est l’ensemble des participant·e·s qui sont engagés dans la même entreprise et qui prennent les mêmes risques (pour leur face) et les mêmes engagements.

Mes recherches sur les interactions par écran

J’ai commencé en 2002 à travailler sur les interactions par écran, en général dans des contextes éducatifs, avant de m’intéresser à la conversation en ligne synchrone à partir de 2006.

Décrire la conversation en ligne

C’est en référence à The natural history of an Interview qu’a été menée la recherche intitulée Décrire la conversation (Cosnier, Kerbrat-Orecchioni, et Bouchard 1987) et c’est dans cette suite logique qu’en 2006 j’ai proposé à mes collègues de diriger avec moi Décrire la conversation en ligne (Develotte, Kern, et Lamy 2011).

Dans cet ouvrage, nous avons pu montrer, à partir d’un même corpus donné à étudier à différent·e·s chercheur·e·s, que la communication en visioconférence poste à poste venait revisiter les principes mis au jour pour la conversation en face à face. La synchronie interactionnelle, par exemple, est indissociable de la qualité du flux numérique, de la distorsion du signal audio ou vidéo, et induisent un nécessaire ajustement des locuteur·rice·s.

Spécificités de la conversation en ligne

Parmi les spécificités repérées dans les conversations en ligne, on note la coexistence d’espaces différents (d’une part, l’écran, et, d’autre part, les deux endroits d’où a lieu l’échange en ligne), lesquels interfèrent parfois, venant alors perturber la conversation en ligne (quand par exemple quelqu’un fait irruption dans la pièce), les chevauchements de parole plus nombreux qu’en présentiel (principalement dus, à l’époque, à des problèmes de débit dans la transmission de l’information) et enfin le fait que les locuteur·rice·s accentuent leurs mimiques faciales (sourires appuyés, mimiques tenues) et leurs comportements gestuels par rapport à une situation de face à face présentiel.

Dans la suite directe de ces recherches, il s’agira ici de voir ce que modifie ou non la situation polylogale par rapport à la situation dialogale étudiée précédemment, et aussi ce que la multiplication des moyens de communication change ou non à ces premiers résultats.

Dimensions éthiques de la recherche

Dès lors que l’on souhaite filmer des locuteur·rice·s, il existe une difficulté d’accès à des données « naturelles ».

Dimensions éthiques

En analyse conversationnelle on dit « naturelles » (natural interactions/data) les interactions et les données qui sont enregistrées dans leurs contextes sociaux ordinaires d’accomplissement, et dont on peut penser qu’elles se dérouleraient à l’identique en l’absence de tout objectif de recherche, à la différence des interactions/données « provoquées », qui n’existeraient pas « au naturel » c’est-à-dire indépendamment de cet objectif (elicited ou contrived data) (Kerbrat-Orecchioni 2011, 175).

Dans la recherche effectuée pour Décrire la conversation en ligne, il s’agissait de données « provoquées » : les huit locuteur·rice·s qui dialoguaient en ligne avaient été rémunéré·e·sTout comme ceux·celles sollicité·e·s pour l’ouvrage précédent Décrire la conversation (Kerbrat-Orecchioni 2011).↩︎ de façon à ce que l’on acquière leurs droits à l’image pour une utilisation scientifique. La nécessité d’obtenir ces droits pour les recherches qui se fondent sur l’étude du visage des locuteur·rice·s est en effet un obstacle à la possibilité d’étudier des groupes de façon écologique. C’est ainsi que l’idée de s’étudier soi-même en tant que groupe d’interactant·e·s dans un dispositif hybride a germé : les difficultés d’obtention des autorisations de chacun·e des participant·e·s disparaîtraient puisque le groupe dans son ensemble tirerait un profit scientifique de son exposition. C’est donc cette possibilité offerte d’étudier des interactions en contexte présentiel et distanciel que nous avons choisie et nous avons fait rédiger des conventions à signer par chacun·e.

On peut remarquer que la solution de choisir une recherche réflexiveCf. chapitre « Cadrage théorique et méthodologique interdisciplinaire ».↩︎ fait bouger le curseur des données « provoquées » vers des données « naturelles » : même si le fait d’avoir comme objectif d’étudier in fine les comportements interactifs pourrait être considéré comme susceptible d’avoir une influence sur ces comportements, c’est bien le séminaire doctoral qui s’est tenu, revendiquant de plein droit sa fonction formative.

Positionnement pour une science ouverte

Dans Décrire la conversation en ligne, les données vidéos qui ont permis de mener l’étude des conversations en ligne sous différents aspects sont venues nourrir la base de données CLAPICorpus de LAngue Parlée en Interaction.↩︎, ouverte aux chercheur·e·s et développée par le laboratoire ICARInteractions, Corpus, Apprentissages, Représentations.↩︎. Aujourd’hui, c’est-à-dire dix ans après, le débat pour une science ouverte a progressé et c’est donc logiquement dans cette optique de partage des données associées à notre projet que nous nous sommes inscrits.

Par ailleurs, la rencontre avec Marcello Vitali Rosati en 2018 a donné forme au projet d’édition dont nous avions l’intuition mais dont nous ignorions qu’il existait déjà, sous la forme de l’édition numérique qui nous est tout de suite apparue comme la meilleure manière de valoriser la richesse de nos données vidéosCf. chapitre « Cadrage théorique et méthodologique interdisciplinaire ».↩︎.

Le groupe de recherche IMPEC

Le groupe IMPEC est une équipe de travail qui s’est constituée en 2013 sur la base d’un intérêt partagé entre chercheur·e·s pour les interactions par écran. Il revendique une approche pluridisciplinaire (principalement sciences du langage, sciences cognitives et sciences de l’information et de la communication), pour l’étude de situations variées : individuelles (téléphone, jeux vidéo, etc.) ou collectives (en co-présence avec des écrans ou à distance : conférence, webinaire, jeux en réseaux, visites muséales). Ces situations peuvent se produire en milieu professionnel, avec des écrans « classiques » ou spécifiques (écrans de contrôle), ou en milieu privé. Elles peuvent concerner un public lambda ou particulier (enfants, jeunes adultes, personnes âgées). Elles sont le plus souvent multimodales au sens large, c’est-à-dire liant la multimodalité de la communication entre les personnes (verbal, paraverbal et non verbal) et la multimodalité des contenus et des informations (texte, audio, image fixe et mobile) présente sur les écrans.

Ce groupe structure son travail autour d’un colloque biennal et d’un séminaire dont je suis responsableLes vidéos des conférences, tant des colloques que du séminaire, sont en accès libre sur le site IMPEC.↩︎.

Le séminaire IMPEC hybride synchrone

Ce séminaire mensuel du groupe IMPEC a pour but de fournir un accompagnement scientifique aux doctorant·e·s que j’encadre : en stimulant leurs réflexions par l’apport de conférencier·e·s invité·e·s et en leur offrant la possibilité de présenter l’avancement de leur thèse à intervalles réguliers. Il faut ici préciser que la grande majorité des doctorant·e·s ont des sujets de recherche liés à la communication numérique, généralement en contexte éducatif. Au fil des années, les ancien·ne·s doctorant·e·s, devenu·e·s docteur·e·s voire enseignant·e·s-chercheur·e·s ont souhaité continuer à suivre ces séminaires. Comme la distance géographique n’autorisait pas leur présence physique, l’utilisation de la visioconférence a commencé à se mettre en place par le biais d’un ordinateur placé au milieu de la table autour de laquelle se tenait le séminaire. Ce dispositif « bricolé », s’il permettait une présence à distance des participant·e·s, était peu confortable tant pour les participant·e·s en présence, qui ne devaient pas oublier de déplacer l’ordinateur de façon à ce que la webcam soit toujours correctement orientée pour les participant·e·s à distance, que pour ces derniers qui parfois restaient tournés vers un tableau blanc ou sur tout autre angle sans importance.

De la visioconférence au projet « Présences numériques »

En 2016, nous avons cherché d’une part à améliorer le dispositif et d’autre part à l’associer à la construction d’un corpus propre à étudier différents aspects des interactions par écran qui constituent, depuis l’origine, l’objet des recherches du séminaire.

L’idée de départ a donc été de continuer à accueillir des participant·e·s à distance mais sous différentes formes, de façon à pouvoir analyser les effets de la plus ou moins grande autonomie des artefacts dans la dynamique du séminaire.

Environnement numérique

Nous avons donc intégré un robot de téléprésence BeamLe robot Beam n’a pas été « choisi », il était déjà là, et nous avons donc profité de sa présence à l’Ifé : d’une taille d’1m58, il est équipé d’un écran LCD permettant de voir le visage et le buste de la participante qui la pilote à distance. De plus, ses roues autorisent le robot à se déplacer de manière autonome dans l’espace. En savoir plus.
L’une des participantes du séminaire, Dorothée, effectuant sa thèse sur l’utilisation du Beam dans le système éducatif, a facilité son insertion dans le séminaire en aidant à sa prise en main.↩︎
, un robot KubiIl s’agit d’un iPad qui fonctionne avec Skype et qui est connecté à un pied rotatif lui permettant de s’orienter de façon latérale et de haut en bas. En savoir plus.↩︎ et une plateforme de visioconférence qui a varié selon les séances et selon les documents à partager (Adobe Connect, Google Hangouts ou le logiciel Skype).

Afin de faciliter la vision aux participant·e·s à distance via Adobe Connect, une webcam télécommandée a été utilisée de manière à pouvoir orienter ou zoomer sur ce qui se passait lors du séminaire.

Le séminaire doctoral polyartefacté

Je présenterai ici les participant·e·s au projet puis les caractéristiques du séminaire. La description des outils de communication et leurs affordances seront précisées dans le chapitre « Cadrage théorique et méthodologique interdisciplinaire ».

Participant·e·s

Les participant·e·s au séminaire doctoral se trouvaient soit à Lyon, soit dans différents lieux de connexion à travers le monde.

Répartition des participant·e·s dans le monde

Participant·e·s au séminaire 2016-2017

Les 16 personnes nommées dans ce tableau ont participé, à un niveau ou à un autre, à cette recherche, avec une implication qui a pu être différente selon les moments. Le groupe est métissé de plusieurs points de vue, il est international et chacun·e de ses membres possède une compétence différente des artefacts (allant de l’inexpérience à la maîtrise).

La deuxième colonne montre que cinq personnes (indiquées par un -), en ayant assisté aux séminaires et donc en ayant été filmées, font partie intégrante de notre corpus. Elles ont pu effectuer quelques études liées à ces données mais n’ont pas participé à l’écriture collective de cet ouvrage.

Prénom Auteur·rice·s de l’ouvrage Statut
(moment du recueil)
Âge Discipline
Amélie X Doctorante 35-40 Sciences du langage
Caroline X Post-doctorante 35-40 Sciences du langage
Christelle X Maîtresse de conférences (Mcf) 45-50 Sciences du langage
Christine X Professeure des universités (PU) 60 et plus Sciences du langage
Dorothée X Doctorante 30-35 Sciences de l’éducation
Françoise - Professeure des universités 55-60 Sciences de l’éducation
Jacques - Professeur des universités honoraire 60 et plus Sciences de l’info-com
Jean-François X Maître de conférences 50-55 Sciences du langage
Joséphine X Maître de conférences 45-50 Sciences du langage
Liping - Maître de conférences 40-45 Sciences du langage
Mabrouka X Maître de conférences 45-50 Sciences de l’info-com
Morgane X Doctorante 25-30 Sciences du langage
Prisca - Master 2 40-45 Sciences du langage
Samira X Attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) 30-35 Sciences du langage
Tatiana X Maître de conférences 45-50 Sciences du langage
Yigong - Doctorant 25-30 Sciences du langage


Les colonnes centrales indiquent la diversité des statuts et des âges de l’équipe, intergénérationnelle donc, et si trois disciplines (colonne de droite) sont représentées, la prévalence des sciences du langage renvoie à ma discipline de rattachement et au fait que la majorité des membres de cette équipe ont un rapport de rattachement scientifique avec moi (étudiant·e, doctorant·e ou ex-doctorant·e). C’est ce lien interpersonnel entre certains participant·e·s et moi-même qui est représenté en gras dans la colonne de gauche. Cet élément est important car ces liens qui se sont construits antérieurement à ce projet, et sur plusieurs années, fondent une stabilité socioaffective des relations dans le groupe. Par ailleurs, les collègues « extérieur·e·s » qui ont été invité·e·s à rejoindre l’équipe m’étaient connu·e·s car j’avais déjà collaboré avec eux·elles.

Caractéristiques du séminaire

Ce séminaire étant un séminaire de doctorant·e·s, j’ai accordé une grande importance à l’ambiance de travail, de façon à ce que les participant·e·s les plus jeunes s’y sentent à l’aise, surtout pour s’exprimerAyant eu l’expérience, en tant que doctorante, de séminaires de doctorant·e·s où seul·e·s les chercheur·e·s confirmé·e·s s’exprimaient et dans lesquels je n’avais jamais osé intervenir, j’ai cherché à faire l’inverse, à créer un espace d’échanges convivial.↩︎. La bienveillance est un mot que je prononce souvent et que j’essaie autant que faire se peut de mettre en action car il est pour moi fondamental que toutes les questions puissent se poser et tous les points de vue s’exprimer sans que l’on redoute un quelconque jugement de la part des autres participant·e·s. Concrètement cette politique de dynamique des échanges dans le séminaire m’a conduit à chercher à restreindre ma propre parole et à m’exprimer de façon plus concise, afin de libérer le plus de temps possible pour les doctorant·e·s et les participant·e·s les moins chevronné·e·s. Dans la distribution de la parole, j’ai cherché à privilégier les plus novices scientifiquement.

Par ailleurs, j’ai également cherché à développer une dimension expérientielle de la formation en engageant les doctorant·e·s dans une recherche qui, sans être précisément la leur, n’était pas éloignée de leur thème de recherche et dans laquelle ils et elles pourraient s’alimenter des théories et des méthodologies qui y seraient développées. C’est donc une conception de séminaire qui lie formation À la recherche et implication DANS une recherche de façon à privilégier un enseignement fondé sur l’expérience vécueEn résonance avec les projets que j’avais précédemment développés en didactique des langues pour faire apprendre la langue étrangère à travers les échanges interpersonnels d’étudiant·e·s (Develotte 2008).↩︎. Elle cherche également à mettre en œuvre la zone proximale d’apprentissage (Vygotski 1985) grâce à la présence de collègues de différents statuts dans une ambiance propice aux échanges et apte à impliquer l’ensemble des participant·e·s.

Finalement c’est l’idée de développer ce que nous avons appelé, Richard Kern et moi-même, une « nurturing matrix » (Kern et Develotte 2018, 9), une matrice alimentant la collaboration entre les participant·e·s, qui a été privilégiée. Garantir l’implication de chaque participant·e dans l’aventure scientifique à laquelle je les conviais a en effet été l’un des ressorts principaux pour l’élaboration d’une collaboration aux différentes étapes du travail : lors du séminaire, lors du développement de la recherche et lors du processus rédactionnelCf. chapitre « Cadrage théorique et méthodologique interdisciplinaire ».↩︎.

Programmation du travail

J’ai proposé au groupe un calendrier de travail réparti sur quatre années en réaction à mes douloureuses expériences passées de recherche collective démesurément prolongées dans le temps et qui ont fini par affaiblir l’intérêt et l’énergie des chercheur·e·s… La durée de quatre ans oblige à garder un rythme soutenu, parfois un peu difficile à tenir, mais la diversité des tâches qui scandent l’échéancier me semblait permettre de maintenir l’intérêt et donc une meilleure implication. Par ailleurs, sur un sujet de recherche évoluant très rapidement du fait des améliorations des dispositifs techniques, l’objectif était également de raccourcir le plus possible la durée entre l’expérience vécue par le groupe et la mise à disposition des résultats de recherche à la communauté des chercheur·e·s. Enfin, la rencontre susmentionnée avec Marcello Vitali Rosati, déterminante pour les choix éditoriaux de ce travail, a permis de baliser les différentes étapes entrant dans le calendrier proposé.

Choix des chapitres

L’écriture des différents chapitres de ce livre s’est effectuée en deux temps, respectés dans la présentation en deux parties ci-dessous. Tout d’abord, trois chapitres thématiques portant sur les aspects qui sont apparus comme les plus saillants à étudier dans un premier temps, puis trois autres plus transversaux, prenant souvent appui sur les résultats issus des chapitres précédents.

Dimensions mises en jeu dans la situation polyartefactée

Les trois aspects qui ont été choisis au départ ont trait à l’attention, à la corporéité et à la politesse.

Jean-François Grassin, Mabrouka El Hachani, Joséphine Rémon et Caroline Vincent ont rédigé le premier chapitre intitulé « Affordances attentionnelles dans un séminaire instrumenté ». Il étudie la façon dont l’attention est requalifiée au sein du séminaire considéré en tant que double dispositif attentionnel : dans sa construction matérielle de l’espace et dans sa construction relationnelle. L’analyse porte sur les moments de la co-construction de l’attention au sein de l’horizon d’attente spécifique du séminaire, lui-même modifié par l’appareillage technologique.

Le deuxième chapitre rédigé par Samira Ibnelkaïd et Dorothée Furnon interroge les conditions technico-corporelles d’énaction de l’intersubjectivité et révèle que les participant·e·s structurent leurs actes de perception et action au travers des différents états de la médiation : « démédiation », « remédiation », « immédiation ». Ces actes émanent d’instances « procuratrices », « témoins », « sentinelles » qu’incarnent les participant·e·s selon un mécanisme de chaîne d’agentivité groupale induisant des phénomènes de réification de l’animé et de personnification de l’artefact jusqu’à l’émergence d’une intercorporéité.

Le troisième chapitre d’Amélie Bouquain, Tatiana Codreanu et Christelle Combe traite de la politesse à partir des théories de la microsociologie d’Erving Goffman (1974) et de l’analyse de la conversation en ligne (Develotte, Kern, et Lamy 2011). Il cherche à revisiter ces notions à la fois linguistiques, transsémiotiques et culturelles et à mettre au jour de nouvelles normes de politesse dans le contexte des interactions artefactées.

Évolution temporelle des expériences

La deuxième partie de l’ouvrage s’attache à rendre compte de dimensions du séminaire polyartefacté qui prennent sens dans la durée de l’expérience.

Le chapitre « Autonomie et présence artefactuelle dans un séminaire hybride polyartefacté » rédigé par Amélie Bouquain, Christelle Combe et Joséphine Rémon analyse les effets de présence à travers une étude comparative des potentialités de dispositifs de téléprésence. Ces effets de présence définissent une présence artefactuelle ou une présence sociale, en fonction de la co-construction interactionnelle mise en œuvre par les participant·e·s, autour d’enjeux d’autonomie de mouvement et d’ajustement visuel et sonore, entre furtivité et injonction de présence.

Samira Ibnelkaïd et Caroline Vincent se sont penchées sur les « Bugs numériques et ratés interactionnels au service d’une intelligence collective ». Ce chapitre se fonde sur les résultats d’analyse issus des chapitres thématiques mis en regard avec une étude sémantique des questionnaires bilans finaux. Se révèle la co-construction d’une intelligence collective et l’énaction d’un ethos groupal permettant non pas la réduction des situations de démédiation mais le renforcement d’un sentiment d’efficacité personnelle (Bandura 1980) dans les capacités individuelles et collectives de remédiation.

Enfin, Morgane Domanchin, Mabrouka El Hachani et Jean-François Grassin s’intéressent au séminaire doctoral polyartefacté et à son potentiel pour la formation à la recherche. Ce dernier chapitre s’intéresse au séminaire en tant qu’espace de formation doctorale et plus précisément à la construction de l’ethos de quatre doctorants à partir du repérage de leurs traces d’investissement au cours des différentes phases du séminaire. Les moments d’apprentissages collaboratifs sont répertoriés dans un schéma visuel illustrant l’acquisition potentielle de compétences techniques et scientifiques. L’objectif de ce chapitre vise à dégager les dimensions qui favorisent la formation doctorale, notamment les dimensions socioaffectives, artefactuelles et internationales qui viennent enrichir l’accompagnement de l’expérience des jeunes chercheur·e·s.

Pour clore cette introduction, je dirai que la recherche dont rend compte cet ouvrage est à la fois modeste et ambitieuse. Modeste car il s’agit d’une expérience restreinte en durée (six mois) et ne concernant qu’une douzaine de personnes dans une situation éducative donnée. Ambitieuse par son ouverture :

Elle constitue tout à la fois l’aboutissement d’un parcours professionnel et le point de départ pour une boite à outils pluridisciplinaire des interactions numériques.

Un ouvrage : trois niveaux de lecture

Dans cet ouvrage vous sont proposés trois niveaux de lecture :

  • le premier niveau offre une lecture synthétique et concentrée de ce travail de recherche. Il s’agit du texte « noyau », sur fond clair, qui figure également dans la version papier.

  • le deuxième, signifié par des encarts jaunes ouverts, permet le développement de certains concepts, des citations et des analyses complémentaires.

  • le troisième niveau de lecture, sous la forme d’encarts jaunes à déployer, apporte un approfondissement à l’aide d’exemples extraits des données produites par le groupe : descriptions de moments-clés, retranscriptions d’entretiens ou de conversations, vidéos…

Références
Bandura, Albert. 1980. L’apprentissage social. Bruxelles: P. Mardaga.
Bateson, Gregory. 2000. « Communication ». In La nouvelle communication, édité par Yves Winkin, traduit par Denis Bansard, 116‑44. Paris: Éditions du Seuil.
Carbone, Mauro, Anna Caterina Dalmasso, et Jacopo Bodini. 2018. Des pouvoirs des écrans. Sesto San Giovanni: Mimesis. http://www.editionsmimesis.fr/catalogue/des-pouvoirs-des-ecrans/.
Casetti, Francesco. 2018. « Sur le statut de l’écran ». In Des pouvoirs des écrans, 53‑67. Sesto San Giovanni: Mimesis. http://www.editionsmimesis.fr/catalogue/des-pouvoirs-des-ecrans/.
Cosnier, Jacques. 1987. « L’éthologie du dialogue ». In Décrire la conversation, édité par Jacques Cosnier et Catherine Kerbrat-Orecchioni, 291‑315. Linguistique et Sémiologie : travaux du Centre de recherches linguistiques et sémiologiques de l’Université de Lyon II. Lyon: Presses universitaires de Lyon. https://presses.univ-lyon2.fr/product/show/decrire-la-conversation/302.
Cosnier, Jacques, Catherine Kerbrat-Orecchioni, et Robert Bouchard. 1987. Décrire la conversation. Lyon: Presses universitaires de Lyon. https://presses.univ-lyon2.fr/product/show/decrire-la-conversation/302.
Develotte, Christine. 2008. « Approche de l’autonomie dans un dispositif en ligne : le cas du dispositif Le français en (première) ligne ». Revue japonaise de didactique du français 3 (1): 37‑56. http://sjdf.org/pdf/03Develotte.pdf.
Develotte, Christine, Richard Kern, et Marie-Noëlle Lamy, éd. 2011. Décrire la conversation en ligne: la face à face distanciel. Lyon: ENS Éditions.
Goffman, Erving. 1974. Les Rites d’interaction. Paris: Les Éditions de Minuit. http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Les_Rites_d%E2%80%99interaction-2091-1-1-0-1.html.
Herring, Susan C. 1996. Computer-Mediated Communication. John Benjamins Publishing Company. https://benjamins.com/catalog/pbns.39.
———. 2007. « A Faceted Classification Scheme for Computer-Mediated Discourse ». Language@Internet 4 (1). https://www.researchgate.net/publication/31590573_A_Faceted_Classification_Scheme_for_Computer-Mediated_Discourse.
———. 2015. « New Frontiers in Interactive Multimodal Communication ». In The Routledge handbook of language and digital communication, édité par Alexandra Georgakopoulou et Tereza Spilioti, 398‑402. Routledge handbooks in applied linguistics. London: Routledge. https://bit.ly/3nNQ7pM.
Kerbrat-Orecchioni, Catherine. 2011. « Conversations en présentiel et conversations en ligne : bilan comparatif ». In Décrire la conversation en ligne : Le face à face distanciel, 173‑95. Lyon: ENS Éditions. http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100952500.
Kern, Richard, et Christine Develotte. 2018. Screens and Scenes: Multimodal Communication in Online Intercultural Encounters. New-York; London: Routledge. https://www.routledge.com/Screens-and-Scenes-Multimodal-Communication-in-Online-Intercultural-Encounters/Kern-Develotte/p/book/9781138213951.
Leeds-Hurwitz, Wendy. 1988. « La quête des structures: Gregory Bateson et l’Histoire naturelle d’un entretien ». In Bateson : Premier état d’un héritage, édité par Yves Winkin, 67‑77. Paris: Éditions du Seuil.
McQuown, Norman A, et Gregory Bateson. 1971. The natural history of an interview. Vol. 95–98. Microfilm collection of manuscripts on cultural anthropology 15. Chicago: University of Chicago Library. https://www.lib.uchicago.edu/mca/mca-15-098.pdf.
Merzeau, Louise. 2009. « Du signe à la trace : l’information sur mesure ». Hermes, La Revue n° 53 (1): 21‑29. https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-1-page-21.htm.
———. 2010. « La présence plutôt que l’identité ». Documentaliste - Sciences de l’Information, ADBS 47 (1): 32‑33. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00489655v2/document.
Paveau, Marie-Anne. 2017. L’analyse du discours numérique: Dictionnaire des formes et des pratiques. Paris: Hermann. https://www.editions-hermann.fr/livre/9782705693213.
Vygotski, Lev. 1985. Pensée et langage. Paris: Messidor.