Contribution numérique : cultures et savoirs

Mémoire minière dans le Nord-Pas-de-Calais

Mémoire minière dans le Nord-Pas-de-Calais

Institutions et témoins sur la plateforme Facebook

Juliette Le Marquer

Juliette Le Marquer, « Mémoire minière dans le Nord-Pas-de-Calais », dans Marta Severo, Roch Delannay (dir.), Contribution numérique : cultures et savoirs (édition augmentée), Les Ateliers de [sens public], Montréal, 2024, isbn : 978-2-924925-29-4, http://ateliers.sens-public.org/contribution-numerique/chapitre12.html.
version 0, 15/06/2024
Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International (CC BY-SA 4.0)

Introduction

Le projet institutionnel « Mineurs du Monde » a été porté début 2014 par la région Nord-Pas-de-Calais afin de valoriser la mémoire et le patrimoine miniers sur le territoire. Il s’inscrit dans le sillage des projets en lien avec l’élection du bassin minier à l’UNESCO en 2012. « Mineurs du Monde » a pris part à plusieurs grands projets tels que celui de la fresque « Mémoires de Mines », en coproduction avec l’Institut national de l’audiovisuel. Ce dispositif est une fresque chronologique interactive qui présente l’histoire de la mine et des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, à travers des archives vidéos de 1940 à 2010. « Mineurs du monde » a également été partenaire avec l’université d’Artois dans le cadre d’une université populaire. Ce projet a mis en place des cours du soir, séminaires et conférences sur le sujet, et a remis, deux années consécutives, des bourses-reporters à dix étudiants en journalisme afin de réaliser des reportages dans les bassins miniers de divers pays (Canada, Allemagne, Indonésie, etc.). Créé en mars 2015, son groupe Facebook éponyme valorise ses actions en partageant des liens autour de la fresque « Mémoires de Mine » ou de l’université populaire. Le projet est désormais terminé et la dernière publication Facebook date de fin 2016. Pourtant, en visitant ce dernier, on se rend compte que sa communauté est toujours active, et porte un grand intérêt sur les documents photographiques publiés sur le groupe, où ils construisent des récits.

La part des témoins

Bien que « Mineurs du Monde » soit porté par un projet institutionnel, plusieurs « témoins » rencontrés sur le territoire suivent ce groupe, en particulier pour les photographies d’archives mises en ligne. Le groupe étant ouvert, il permet à toute personne inscrite sur le réseau d’accéder à ses contenus. Les personnes que nous désignons ici comme des « témoins » possèdent diverses filiations à la mine, qu’ils aient été mineurs ou bien enfants de mineurs. Pour reprendre les termes de Michèle Gellereau, ces derniers peuvent être soit des « témoins directs », ayant connu la mine, ou des témoins secondaires, c’est-à-dire qui fondent leur expérience sur les témoins directs, et sur les savoirs qu’ils collectentGellereau, Michèle. 2006. « Mémoire du travail, mémoire des conflits. Comment les témoignages se mettent en scène dans les visites patrimoniales ». Communication Et Langages, 149(1), p. 63–75.↩︎. Ces derniers sont très présents sur le groupe Facebook étudié. S’ils ne peuvent pas publier de billet sur « Mineurs du Monde », l’espace des commentaires leur permet de produire des récits, de tailles variables, ajoutant des connaissances, et une dimension mémorielle aux publications.

Sur l’une des photographies d’archives, on aperçoit une visite à la mine du président Charles de Gaulle, en septembre 1959. Cette photographie est accessible à partir du fil d’actualité du groupe Facebook, ou en cliquant sur l’onglet « Photos », à partir de la page d’accueil. Comme sur toutes les autres photographies, la description de « Mineurs du Monde » est très sommaire. Elle indique plusieurs éléments liées au document : l’action en cours, « 25 septembre 1959 » ; le nom du photographe, « Paul Walet » ; et le lieu où l’archive est conservée aujourd’hui, « Archives Région Hauts-de-France Nord Pas de Calais - Picardie ». L’archive a reçu quatorze mentions « j’aime », a été partagée deux fois et commentée trois fois. Le premier commentaire, est laissé par Raymond (R), dont le nom est anonymisé.

Figure 1. Photographie d’archives du groupe Facebook « Mineurs du Monde » datant du 9 novembre 2016

Dans son commentaire, Raymond décrit des savoirs qu’un profane n’aurait pas remarqué en observant la photographie. En effet, selon lui, les parois de la galerie ont été blanchies, le sol nettoyé, voire creusé pour que le président ne se cogne pas. Son statut d’ancien mineur lui permet de lire des indices sur la photographie, tel que le contraste entre le visage noir des mineurs et la blancheur des parois. Les deux autres commentaires sur cette photographie, laissé par Clément (C) et Pierre (P) font écho à celui de Raymond. Clément apporte un indice aux propos de Raymond en signalant la tâche de peinture sur la manche du général. Pierre, quant à lui, apporte une localisation plus précise du lieu de visite, dont selon lui, une plaque prouve encore aujourd’hui ce passage historique. Ainsi, selon Michèle Gellereau, cet espace de commentaires « se constitue comme un espace social de production de connaissance et de sociabilité ». La photographie, devenue objet central de leurs médiations, est portée par leurs récits. La lecture de ces derniers induit qu’ils connaissaient la mine, mais à différents degrés. Ainsi, si nous pouvons affirmer que Raymond est un témoin direct (car nous l’avons rencontré), Pierre et Clément peuvent être témoins directs ou témoins secondaires. Cependant, leurs commentaires témoignent tous d’une filiation particulière à la mémoire minière. Les récits ne sont donc pas inscrits dans une perspective scientifique, mais construisent à la fois leur identité de témoins et une médiation mémorielle autour des documents d’archives.

Lors de la visite de ce groupe Facebook, on remarque que les témoins s’approprient l’espace des commentaires, mais que l’institution reste muette dans ce même espace. En effet, au-delà des publications sur le groupe, l’institution n’intervient jamais dans les commentaires, bien que nous ayons remarqué des questions ou des apostrophes lui étant parfois adressées. Si la création du groupe pouvait laisser croire à un rapprochement entre institution et témoins pour la valorisation de la mémoire minière, notre observation du groupe n’a montré aucun échange entre les deux parties. L’écriture sur le groupe renvoie à une certaine autorité de l’institution où la logique participative est autorisée mais peu prise en compte.

Du côté des commentaires, la participation des internautes renvoie à une « écriture émotionnelle », que l’on retrouve classiquement sur ce type de plateforme. Les témoins produisent des commentaires liés à leur vécu, leurs connaissances et leurs savoirs personnels, se greffant aux contenus de l’institution. Ce constat met en avant une hiérarchie entre l’institution et la communauté des témoins, où deux activités d’écriture ont lieu sur le même espace. Le témoin apporte ses propres récits à la documentation photographique « qu’il vient pondérer et partiellement détourner en y apportant une dimension affective ». Sur une autre photographie, on observe un portrait de groupe connu de treize rescapés de la catastrophe de Courrières de 1906. Cette photographie se retrouve régulièrement sur les groupes et pages Facebook de témoins où elle attire commentaires, partages et mentions « j’aime ». Si elle a rencontré peu de succès sur ce groupe (une mention « j’aime » et un commentaire de la même personne), le commentaire de Claude (C) « Respects et Hommages » rappelle qu’au-delà d’une mémoire officielle, il faut honorer la mémoire des hommes qui ont vécu cet évènement terrible. « Mineurs du Monde » décrit cette photographie de manière plus neutre, parlant d’une « carte postale ». Cette description ne met pas plus à l’honneur ce document qu’un autre, alors qu’il représente la seconde catastrophe minière mondiale la plus meurtrière. Cette photographie, montrant des hommes de tout âge, fait partie des quelques documents très symboliques de cet évènement tragique. Un grand nombre de publications sur le groupe sont marquées par cette dichotomie dans l’écriture de l’institution et celle des témoins, moins tournés vers la valeur esthétique et matérielle du document, mais de sa puissance symbolique.

La pérennité du projet « Mineurs du Monde »

Figure 2. Photographie d’archives du groupe Facebook « Mineurs du Monde » datant du 4 mai 2015

Ces observations sur les pratiques d’écriture en ligne de l’institution régionale liée à « Mineurs du Monde », centrées sur la valorisation de documents, peuvent nous interroger sur l’intérêt de leur présence sur Facebook. Certes, le réseau lui assurait une vitrine qui était alimentée constamment, mais l’institution n’a pas tiré parti de sa « capacité à mobiliser les usagers ». Nous avons par ailleurs constaté qu’entre les premières et les dernières publications sur le groupe, il n’y a pas eu de publication adressée particulièrement à la communauté (par exemple, pour annoncer la fin du projet en 2016). Cependant, s’il est aujourd’hui plus compliqué de trouver des informations sur le projet « Mineurs du Monde », les éléments publiés sur Facebook sont restés intacts, et comme nous l’avons dit plus tôt, ont continué d’être aimés, commentés, et partagés par la communauté.

Si le projet de fresque avec l’Ina est resté en ligne, le site internet du projet, dont le domaine était privé, a expiré. Seul le nom du domaine indique que celui-ci a bien existé. Sur le site de la fresque « Mémoires de Mine », le logo « Mineurs du Monde » est utilisé en bannière et photo de profil, mais le projet est très brièvement présenté. De plus, le lien URL vers le site ne fonctionne plus. Ainsi, en ligne, l’identité du projet est peu visible et peut sembler complexe lorsque l’on ne connaît pas ses porteurs. La conservation des données sur un site à domaine privé, pour un projet avec un financement limité dans le temps, montre un grand engouement de départ, mais qui ne peut s’engager sur un archivage numérique pérenne des données. De plus, bien que la fresque « Mémoires de Mine » soit toujours en ligne, elle ne présente pas de photographies d’archives, mais uniquement des vidéos d’archives.

Sur le réseau social Facebook, il semble que la création du groupe inverse cette tendance à l’effacement du projet, du moins six ans plus tard. En effet, il lui redonne une identité concrète où il garde des indices visibles, tel que son logo et ses évènements. Les archives publiées au cours de ces six années sont conservées par le réseau social. Ainsi, si leurs publications jour après jour a permis au projet de se donner un aspect dynamique, ce geste routinier a permis de conserver en ligne les documents d’archives. Ces derniers, malgré la fin du projet, peuvent continuer d’écrire des commentaires sur les photographies.

Ainsi, au-delà d’une médiation à sens unique, où l’institution publie des savoirs en ligne et l’internaute les lit, la présence sur une plateforme, telle que Facebook, donne une visibilité à la parole des témoins. En ce sens, si des projets tels que « Mineurs du Monde » s’adressent au départ plutôt à un public restreint (amateurs d’archives et aspirants aux cours du soir), la création d’un groupe Facebook pour diffuser des photographies d’archives permet de mettre à disposition des objets à une nouvelle communauté, celle des témoins. À ce titre, et comme nous avons pu le voir plus haut, les photographies d’archives sont au centre de la logique d’écriture des témoins, qui voient en elles un lieu d’expression de la mémoire minière et un vivier de connaissances qu’ils sont parfois les seuls à pouvoir restituer. « Mineurs du Monde » tient donc un rôle essentiel dans la création d’un espace d’expression pour cette communauté grâce à la diffusion de ses documents.

Conclusion

Au terme de cette courte contribution, nous avons pu discuter de la portée que pouvait avoir la création d’un groupe public sur Facebook, par une institution, et de la place de sa communauté en son sein. Notre intérêt, à travers l’exemple du projet « Mineurs du Monde », était de voir comment se construit et s’organise un tel espace, autour de règles d’écriture hiérarchisantes, mais aussi finalement d’une grande liberté d’expression. En effet, face aux descriptions très neutres des photographies par « Mineurs du Monde », les témoins écrivent avec une plus grande liberté et témoignent d’une plus grande émotion dans leurs publications. De ce constat, nous nous sommes interrogées sur l’intérêt de la présence d’une institution sur cette plateforme amateure, d’autant plus lorsque celle-ci n’intervient pas sur ses propres publications. Au-delà d’une pérennisation du projet « Mineurs du Monde », la création de ce groupe permet aux témoins de construire une mémoire, dont les objets de médiation – les photographies – sont consignées aux archives. Cet assemblage, sous forme de série documentaire, crée un espace particulier pour les témoins qui redécouvrent une mémoire à travers ces publications. Selon Marie Després-Lonnet, « la constitution d’une série est en effet à la fois une mise en visibilité du projet qui a conduit à sa production et un mode d’appréhension et de mise en ordre d’un ensemble photographique ». Le groupe devient alors une vitrine du projet et un moteur pour la valorisation des photographies d’archives, assurée par les témoins de cette mémoire.

Contenus additionnels

Groupe Facebook « Mineurs du Monde »

Accéder au groupe Facebook « Mineurs du Monde ».

Crédits : Mineurs du Monde, Ina

Source (archive)

Fresque « Mémoires de Mines »

Accéder à la fresque « Mémoires de Mines ».

Crédits : Mineurs du Monde, Ina

Source (archive)

Notes prises lors du forum

Notes 6. Archipop, une construction limitée des mémoires des cinéastes amateurs

Milana Tsakaiev (chargée d’histoire, collecte et valorisation, Archipop)

Milana Tsakaiev présente d’abord Archipop et son site web. Archipop est une association créée en 2003 et qui a pour mission de collecter, sauvegarder, documenter et valoriser les archives privées filmées sur la région Hauts-de-France. L’association travaille principalement avec des films de famille, amateurs, d’entreprises, d’institutions et d’associations. Il s’agit principalement de films sur supports argentiques ou magnétiques. Ces films ont la particularité d’apporter un regard inédit et singulier sur l’histoire et l’évolution de notre région. Ils proposent des points de vue pertinents sur les événements de la vie sociale : les cérémonies, les événements politiques et sociaux, le travail, les traditions, les rites et les spécificités culturelles et cultuelles.

Le site internet archipop.org a été créé en 2018 pour répondre à la demande de valorisation en ligne s’appuyant sur le fonds archivistique. Il y a une véritable richesse documentaire dans les films amateurs puisque ce sont des images inédites. Les images l’Archipop n’étaient, à l’origine, pas destinées à être diffusées. Ce sont des images que le public n’a pas l’habitude de voir. Ces images servent à des étudiants, des historiens, etc. Ces valorisations sont des réponses à des besoins accrus de la découverte de l’histoire sociale et culturelle de la région. En 2019, il y a eu 52 241 visites pour 95 000 visites en 2021.

Le site offre également un espace dédié à la discussion et à la contribution qui n’est quasiment jamais utilisé par le public. Milana Tsakaiev présente les difficultés liées à la base de données qui empêche d’indexer correctement les lieux et surtout les localisations des films. D’un point de vue général, la valorisation et la collaboration du public se font principalement en dehors de la plateforme, sur les lieux de projections, mais également au téléphone. Ce sont souvent les déposants eux-mêmes qui apportent des précisions sur les films au moment de la collecte ou après la valorisation.

Ces problèmes rencontrés sont un enjeu de masse dans l’association. L’association réfléchit à un moyen d’optimiser l’indexation grâce : à des sessions via les réseaux sociaux ; une page pour les déposants où ils pourront contribuer à l’indexation de leurs films de manière précise ; et enfin une page pour les clubs de cinéastes amateurs avec un véritable « forum » pour inviter les anciens membres des clubs à converser autour de leurs créations.

Notes 11. Mémoire Ciclic

Claire Scopsi (maitre de conférences, CNAM)

Claire Scopsi est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication au CNAM.

Elle explique qu’elle réalise des études des contributions, commentaires (et remixage) de films amateurs de la plateforme Mémoire Ciclic.

Pendant un an et demi, le travail s’opère avec une agence régionale pour le livre et l’image au Centre-Val de Loire pour aboutir à Ciclic. Il y a un fonds de soutien au cinéma et au secteur du livre qui accueille des artistes en résidence et organise des formations dans les écoles, etc. Il y a également une médiathèque régionale (l’une des plus anciennes de France) incluant des films amateurs, réalisés sur la région ou par des habitants de la région. Beaucoup de films de famille, réalisés depuis les années 1920, sur divers supports physiques. Depuis le début du projet, un jeu a été mis en place, les Sherlocks, demandant aux usagers de trouver des informations sur un film mis en avant : qui est tel personnage, où le film est-il tourné, quelle est l’époque, etc. ? Les habitants participent ainsi à recontextualiser les images.

Justement, le projet de recherche consiste à analyser les commentaires des usagers, publiés entre 2010 et 2021. Environ 11000 commentaires, dont 3000 proviennent de l’animateur du site. Parmi les contributions restantes, on observe une forme extrême de longue traîne : un utilisateur massif, deux utilisateurs réguliers… et une énorme majorité d’utilisateurs ne postant qu’une seule contribution. Ce qui complique beaucoup les analyses (les statistiques globales sont surtout des statistiques personnelles de ces usagers sur-représentés).

L’activité est ainsi hypercentrée sur trois utilisateurs. L’intervenante en conclut que l’activité contributive est peu génératrice de lien social : les usagers postent toujours sur les mêmes films et dialoguent peu (sauf un binôme d’usagers massifs qui se répondent). Les commentaires sont effectués le plus souvent pendant les jours et heures ouvrables. On ne parvient pas à identifier de logique de date ou de thèmes qui indiquerait une certaine prédilection. Ce serait surtout l’incitation des documentalistes qui serait motrice de contribution (et non des passions spécifiques des usagers).

L’analyse lexicale montre une prévalence des termes liés aux lieux (rue, maison, pont, gauche), qui indiquerait une activité de description. Des éléments issus d’URL montrent que les usagers s’appuient sur des liens (notamment des sites de cartes postales anciennes) dans leurs pratiques de description des images.

Le jeu des Sherlocks semble peu représenté dans le corpus ; il semblerait que ce soit l’enquête patrimoniale (le processus de recherche/vérification) et l’avancée de la connaissance qui soient gratifiantes, plutôt que les « points » gagnés à travers le jeu. Ce n’est pas réellement une communauté qui est ainsi créée (pas de liens forts apparents), mais néanmoins un groupe très courtois. De plus, l’intervenante montre des indices d’une prolongation du travail d’enquête dans le monde physique, de présentation des films à d’autres personnes, procédé qui est évoqué comme « émouvant« .

Pour conclure, l’intervenante explique que généralement sur les blogs de mémoire des territoires créés hors institutions, on observe trois M : manque (fort sentiment de perte), militance (s’organiser/agir pour défendre le patrimoine) et malheur (récit d’événements pénibles, de catastrophes). Ce n’est pas du tout le cas pour Ciclic : peu de commentaires de déploration, d’évocation du malheur, de protestation. Le travail d’enquête pourrait avoir compensé l’impression de manque, car on découvre que la mémoire est là, qu’elle existe encore, qu’elle est préservée. La troisième phase de l’étude, à faire, est de rencontrer les utilisateurs et valider les hypothèses.

Notes 24. Patriminidaocéa

Camila Cabral-Arêas (maitre de conférences, université de la Réunion)

Camila Cabral-Arêas travaille autour des rapports entre la médiation culturelle et la sémiotique. Elle présente la plateforme qui est un open modèle pour penser l’écriture inclusive des patrimoines culturels de l’Indocéanie.

La plateforme numérique est ouverte à tous les acteurs, avec un recensement et l’écriture du patrimoine régional. Il y a une réécriture des discours et des récits visant à inclure les discours des acteurs. Cette approche conduit à un changement par rapport à la médiation culturelle classique basée sur des discours institutionnels et vise à interroger les possibilités techniques et inclusives de l’open. Il y a plus généralement un travail sur les tensions générées par les conflits d’écritures sur la mémoire, en mettant en visibilité la part cachée du patrimoine culturel, entre une vision postcoloniale et émotionnelle du patrimoine qui reflète le désir d’une histoire sous l’angle des épistémologies du sud.

L’intervenante expose ensuite le terrain d’expérimentation sur la Boutik chinois depuis 2021, qu’elle mène à travers un observatoire des pratiques culturelles.